Le 27 janvier 1945, il y a un peu plus de 74 ans, le camp d’Auschwitz-Birkenau était libéré par les troupes soviétiques. Ce 27 janvier est devenu La journée internationale de la mémoire de la Shoah et de la prévention des crimes contre l’Humanité. L’Alsacienne Simone Polak a connu l’enfer des camps. Après 70 ans de silence, elle témoigne à l’ORT Strasbourg.
Elle avait 15 ans et avait dû se séparer de sa poupée tant attendue pour son anniversaire, quand elle fut obligée de quitter Saverne à la hâte avec sa mère et son petit frère pour éviter une rafle, en 1940. Réfugiée dans le petit village de Gevingey dans le Jura en zone dite libre, c’est au printemps 1944 que la famille fut dénoncée et déportée à Auschwitz en passant par Drancy et Bobigny. 1200 personnes, hommes femmes, enfants, vieillards, faisaient partie de son convoi. Elle fut parmi les quelques rares personnes à revenir.
Devant plus d’une centaine d’élèves, de parents et d’enseignants de l’ORT Strasbourg, Simone Polak raconte sa naissance à Schirmeck, son enfance à Saverne, la rafle, le premier enfermement à Drancy, le trajet infernal de trois jours dans des wagons à bestiaux qui sentaient déjà la mort, avec des vieux, malades ou handicapés, la sélection sur la rampe du sinistre camp, les dernières paroles de sa mère lorsqu’ils arrivent à Auschwitz-Birkenau… Ils sont séparés, et elle ne reverra plus ni sa mère ni son jeune frère. Les journées à travailler sans but, la faim, la fatigue, la chaleur et le froid, la lutte pour la survie, le quartier des malades, le Krakenrevier d’Auschwitz, la solitude, le passage à Bergen-Belsen et Theresienstadt , puis le retour difficile à Strasbourg, avec une longue maladie, la tuberculose osseuse, la difficile et impérieuse reconstruction, le silence durant près de 70 ans…
« Lorsque nous sommes rentrés à Strasbourg avec mon oncle, tous ceux qui étaient revenus avaient été victimes de la guerre, incorporés de force, déplacés, déportés, victimes des bombardements, blessés ou malades… Il était alors impensable de parler de notre souffrance… » a-t-elle dit pour justifier en partie ce long silence. La seconde raison qu’elle évoque « il fallait se reconstruire, oublier le passer et aller de l’avant ! »
En réponse à une question d’un élève sur l’antisémitisme, Simone Polak répond : « Je veux avertir les personnes, les jeunes, sur ce à quoi peut aboutir l’antisémitisme et le racisme… A la sortie des camps et après Nuremberg, on disait : plus jamais ça… C’est pour cela que je témoigne aussi »
Ce livre-témoignage qui rassemble les terribles épreuves qu’elle a vécues, Simone Polak a décidé de l’écrire à presque 90 ans, sept décennies après être revenue d’Auschwitz-Birkenau et Bergen-Belsen. « Au travail, mes collègues ne connaissaient rien de mon histoire, ma famille non plus ne connaissait pas la vraie histoire, » explique la nonagénaire au regard clair et bienveillant et à l’esprit toujours positif.
La mère d’une élève présente souligne sa sérénité et son calme durant ce long témoignage : « Merci pour votre remarque, mais que voulez-vous que je vous dise, il faut aller de l’avant et penser à la vie… Je suis effectivement plus sereine aujourd’hui. » ajoute-t-elle.
En 2015, Simone Polak a été invitée avec d’autres rares survivants par François Hollande pour les 70 ans de la libération d’Auschwitz Birkenau. « Je me suis rendu compte que d’autres avaient parlé et écrit ». Elle décide d’en faire de même et contacte Muriel Klein-Zolty, écrivaine publique à Strasbourg qui découvre alors la « boîte à malices » de Simone, une boîte contenant des dizaines de feuillets. Ensemble, elles vont réussir à mettre des mots sur tout le reste…
Ce témoignage unique d’une des trois derniers rescapés d’Auschwitz à Strasbourg, a été un moment fort pour les personnes présentes et pour les
élèves des deux classes de Seconde GT qui partiront du 3 au 6 juin pour un périple de la Mémoire sur les principaux sites de la Shoah en Pologne.
Simone Polak aux cotés de la présidente du Comité des parents d’élèves de l’ORT Strasbourg Magali Palacin et du directeur de l’établissement, Michel Benoilid qui a présenté l’ouvrage de Madame Polak « Agis, comme si j’étais toujours à tes côtés » avant son intervention.
La rue Simone Polak à Gevingey dans le Jura,
inaugurée il y a quelques semaines par le maire du village, Mr Christophe Nouze.
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