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Derrière chaque dent, une vocation : rencontre avec les élèves en prothèse dentaire

Derrière chaque dent, une vocation : rencontre avec les élèves en prothèse dentaire

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Derrière chaque dent, une vocation : rencontre avec les élèves en prothèse dentaire

Ils ont 16 ou 17 ans, un compas dans la main et une idée en tête : réparer ce que la vie a abîmé. Dans les ateliers du Bac Pro Prothèse dentaire, on ne parle pas seulement de technique. On parle aussi d’humanité. Jour après jour, ces élèves apprennent à fabriquer des dents. Mais surtout, ils apprennent à rendre le sourire. Parmi eux, Jordan se distingue. Son engagement profond prend racine dans un souvenir douloureux, gravé depuis l’enfance.

Une salle d’atelier comme décor

Bruits métalliques, plâtre frais, lunettes de protection. Dans cet atelier lumineux, les élèves du Bac Pro Prothèse dentaire travaillent en silence. Le geste est précis, presque chirurgical. Ici, chaque millimètre compte. Ce qu’ils fabriquent ? Des sourires.

Parmi eux, Jordan, 17 ans, façonne une dent avec minutie. Son histoire est marquante. Elle explique pourquoi il est là, concentré, les mains plongées dans la résine.

Le déclic d’un enfant de dix ans

« J’avais dix ans quand mon frère est tombé. Il s’est cassé les dents de devant. Mes parents n’avaient pas les moyens de lui faire poser des prothèses. Il est resté comme ça. Pendant des années. Sans sourire. »

Jordan n’a jamais oublié ce choc. Ni la tristesse dans les yeux de son frère. Ni le malaise dans chaque photo de famille. Ce jour-là, il s’est promis une chose : réparer les sourires des autres.

L’art invisible de redonner confiance

Le Bac Pro Prothèse dentaire forme à un métier discret. Et pourtant, ce savoir-faire change des vies. En effet, une prothèse réussie, c’est celle qu’on ne remarque pas. Pour cela, chaque dent fabriquée doit s’intégrer parfaitement. Même couleur, même forme, même brillance.

« On est entre l’artisan et l’artiste », résume Jordan. « Ce qu’on fait, c’est un peu magique. La personne retrouve son visage. Son identité. »

Entre atelier et salle de cours

Le quotidien est intense. Les élèves alternent entre les matières générales, le dessin technique, la morphologie, et les longues heures d’atelier. Ils apprennent à lire des empreintes dentaires, mouler du plâtre, manipuler céramique et résine.

Un professeur confie :

« Ce n’est pas un métier de vitrine. C’est un métier de patience. De précision. Quand un patient retrouve le sourire et pleure en se regardant dans le miroir, on sait pourquoi on est là. »

Jordan, engagé pour les autres

Jordan pense souvent à son frère. Il se demande ce qu’il aurait ressenti s’il avait pu, lui aussi, retrouver un sourire naturel. Aujourd’hui, c’est pour les autres qu’il se lève chaque matin. Il veut leur éviter ce que son frère a traversé.

« Je me dis que si j’arrive à redonner confiance à quelqu’un, c’est déjà énorme. Une dent, ça peut changer une vie. »

Des vocations, pas des hasards

Dans sa classe, d’autres élèves ont des histoires différentes, mais une même volonté. Certains aiment l’aspect technique. D’autres sont fascinés par le côté manuel. Tous partagent ce besoin de faire quelque chose qui compte.

Ils savent qu’ils ne seront jamais sous les projecteurs. Mais ils savent aussi que sans eux, beaucoup ne souriraient plus.

Ce sont des jeunes comme Jordan qui nous rappellent qu’un métier peut être bien plus qu’un emploi. Il peut être un engagement, un héritage, une manière de réparer le monde. Un sourire à la fois.

Points clés de lecture