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Projet ORT France : un article du Figaro sur les troubles des apprentissages au collège

Projet ORT France : un article du Figaro sur les troubles des apprentissages au collège

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Projet pilote - TDAH - ORT France

Introduction

Dans un entretien publié le 30 mars 2025 dans Le Figaro, Arnold Munnich et Catherine Billard reviennent sur un projet-pilote mené dans trois collèges d’ORT France. Objectif : mieux repérer les troubles des apprentissages chez les élèves et leur proposer des interventions pédagogiques ciblées, fondées sur des données scientifiques.

Ce dispositif, mené auprès de collégiens de 6e et 5e, a permis d’obtenir des résultats concrets, en particulier en lecture et en mathématiques. L’entretien aborde aussi les retards du système éducatif français en matière de prise en charge des élèves en difficulté, et les leviers d’action concrets à mobiliser dès aujourd’hui.

Les grandes lignes de l’entretien publié dans Le Figaro

ENTRETIEN CROISE – Pour Catherine Billard et Arnold Munnich, certaines difficultés d’apprentissage sont réversibles. Alors que des interventions pédagogiques ciblées existent et ont prouvé leur utilité, la France continue d’accuser un retard préoccupant.

Catherine Billard est médecin des hôpitaux, a dirigé une unité de neurologie infantile à Tours, puis le Centre référent sur les troubles des apprentissages du CHU de Bicêtre. Elle s’est consacrée à la lutte contre la dyslexie et les troubles des apprentissages, notamment au travers de la pratique clinique et de la recherche.

Arnold Munnich est un médecin généticien et pédiatre français, spécialiste des maladies génétiques rares, fondateur du service de génétique médicale de l’hôpital Necker-Enfants malades et ancien conseiller scientifique auprès de la présidence de la République. Il est co-auteur de l’article «Impact d’interventions pédagogiques sur les performances des collégiens souffrant de difficultés d’apprentissages en langage écrit et mathématiques» , avec Catherine Billard, Sahawanatou Gassama, Monique Touzin, Anne Mirassou, Jean-Christophe Thalabard (2025).

LE FIGARO.Vous avez mené un projet-pilote pour évaluer les effets d’interventions pédagogiques auprès d’élèves de 6e et 5e rencontrant des difficultés d’apprentissage. Comment avez-vous procédé ?

Catherine BILLARD. — Le projet conduit dans le réseau des écoles d’ORT-France s’inscrit dans le prolongement naturel des travaux initiés avec Paris Santé Réussite dans les années 2010, portant à l’époque sur des élèves de CP-CE1. Cette fois, l’enjeu était différent : nous avons voulu démontrer qu’une action ciblée restait possible au collège, y compris auprès d’élèves présentant déjà des difficultés marquées, parfois même en situation d’échec scolaire. Tous les élèves concernés ont été évalués en début et en fin d’année à l’aide de la BMT-i, une batterie informatisée standardisée qui permet de mesurer précisément les compétences en lecture, orthographe, numération, calcul, et d’autres domaines fondamentaux. Pour être inclus dans l’étude, les élèves devaient présenter un score faible ou très faible dans au moins un de ces domaines.
Au total, 188 collégiens ont été inclus dans l’étude. Parmi eux, 101 présentaient des difficultés d’apprentissage avérées, et environ 50 élèves correspondaient aux critères d’un trouble spécifique tel que la dyslexie. Ces élèves ont bénéficié d’interventions ciblées en petits groupes, soit en langage écrit, soit en mathématiques, selon leurs besoins. Les élèves du groupe expérimental ont suivi 35 séances d’intervention en français ou en mathématiques, animées par des enseignants formés, supervisés par une équipe de recherche composée de professionnels de santé spécialisés. En parallèle, les élèves du groupe contrôle n’ont reçu aucune intervention spécifique pendant cette période, ce qui a permis d’évaluer avec rigueur l’impact du dispositif.

Comment ce projet a-t-il permis de démontrer qu’il est encore possible d’agir efficacement au collège ?

Arnold MUNNICH. – Avec des interventions bien construites, adaptées, intensives — trois fois par semaine pendant deux trimestres —, nous avons observé des progrès réels. Des élèves qui n’arrivaient pas à comprendre un texte au début de l’année ont terminé l’année avec un niveau de compréhension conforme aux attentes. Certains dyslexiques ont normalisé leur compréhension de lecture. En mathématiques, les élèves ont récupéré des acquis de base en numération et calcul.
Les élèves n’ont pas tous rattrapé, notamment les dyslexiques les plus sévères ou ceux présentant plusieurs troubles associés. Mais ce projet a montré que les trois quarts d’entre eux pouvaient récupérer un niveau convenable. Même ceux qui ne “rattrapaient” pas en tiraient néanmoins un bénéfice en termes d’autonomie et d’estime d’eux-mêmes.

L’efficacité des interventions pédagogiques est depuis longtemps reconnue à l’étranger. En quoi consiste-t-elle et en quoi diffère-t-elle de l’approche pédagogique classique des troubles spécifiques de l’apprentissage ?

C.B.– Cette méthode permet d’identifier les élèves en difficulté dès le début de l’année scolaire, de leur proposer des aides graduées pour éviter que des retards transitoires ne deviennent des handicaps durables. Pour les enfants qui peinent à suivre, on propose des aides ciblées, par des interventions pédagogiques en petit groupe. À Paris Santé Réussite, on l’a mise en œuvre dès 2011 dans des classes de CP et CE1, en collaboration avec les enseignants. Nous avons publié nos résultats jusqu’en 2014. Ils étaient sans ambiguïté : 60 % des enfants en difficulté en lecture rattrapaient leur niveau. Et quand ce n’était pas suffisant, on complétait avec des soins supplémentaires. Les résultats ont été probants : tous les enfants savaient lire en CE2.

Pourquoi le système éducatif français peine-t-il tant à se rendre à l’évidence ?

C.B. — La France a un retard considérable sur les autres pays de l’Union Européenne. Dans les pays anglo-saxons, au Canada, en Scandinavie, on travaille avec cette méthode dite de Réponse aux interventions depuis les années 2000. On a commencé à rattraper un peu notre retard français avec les évaluations nationales mises en place depuis 2018 par le Conseil scientifique de l’Éducation Nationale. Mais les interventions pédagogiques concrètes, structurées, progressives proposées n’ont toujours pas été mises en œuvre.

Pourquoi ? Parce que l’Éducation Nationale et le Ministère de la Santé ne travaillent pas ensemble, ou très difficilement. Les responsabilités sont éclatées : échec scolaire d’un côté, troubles neurodéveloppementaux de l’autre. Et la situation scolaire déjà catastrophique continue de s’aggraver. Les enquêtes internationales montrent que la France est nettement dessous de la moyenne européenne en mathématiques et en compréhension de lecture.

L’Éducation Nationale et le Ministère de la Santé ne travaillent pas ensemble, ou très difficilement. Les responsabilités sont éclatées : échec scolaire d’un côté, troubles neurodéveloppementaux de l’autre.

Catherine Billard, médecin des hôpitaux, neuropédiatre.

Quelles actions immédiates faudrait-il engager pour éviter que des milliers d’enfants ne sombrent chaque année dans un échec éducatif évitable ?

A.M.— Ce qui a été démontré dans les collèges d’ORT-France, c’est que « quand on veut, on peut ». Les outils existent, on sait ce qu’il faut faire et on peut sauver les élèves d’un naufrage annoncé. Aucun responsable éducatif, administratif ou politique ne pourra plus dire « je ne savais pas ». Devant cette catastrophe éducative nationale, il y a une responsabilité historique impardonnable à s’en laver les mains.
Le projet porté par ORT-France coûte environ 200.000 euros par an pour 100 élèves. Ce n’est pas une somme anodine, mais ce n’est pas non plus insurmontable pour une région, un territoire ou une grande ville. D’autant qu’aujourd’hui, des fondations, des réseaux et des élus de tous horizons sont prêts à s’engager.

Devant cette catastrophe éducative nationale, il y a une responsabilité historique impardonnable à s’en laver les mains.

Arnold Munnich, médecin généticien et pédiatre français.

C.B. – Ce que nous proposons, c’est d’utiliser les évaluations nationales non comme un outil de classement, mais comme un moyen de repérer à temps les élèves en difficulté. Il faut, à effectifs constants, former les enseignants spécialisés aux troubles des apprentissages, faire évoluer leurs missions pour qu’ils puissent réellement accompagner les élèves. On pourrait aussi confier aux médecins scolaires un rôle nouveau, les former pour leur permettre d’agir véritablement et plus seulement de valider des Projet d’Accompagnement Personnalisé (PAP).

Les recommandations récentes du ministère vont-elles dans ce sens ?

C.B. – Il faut espérer que les recommandations récentes du Ministère seront enfin appliquées et que seront mises en place de façon urgente par les médecins scolaires ces interventions d’efficacité avérée, en compréhension de lecture et en mathématiques. Le Ministère a rappelé qu’à la rentrée 2023, les évaluations nationales de sixième confirmaient un pourcentage considérable d’élèves en difficulté en compréhension de lecture (la moitié des collégiens reconnus comme « à besoins » ou « fragiles »), en numération et résolution de problèmes (40% à 50% reconnus comme « à besoins » ou « fragile »).
L’organisation d’enseignements en groupes de besoins en français et en mathématiques pour les classes de sixième et de cinquième à la rentrée 2024 a été un premier pas vers la mise en œuvre des préconisations. Il reste à s’assurer que ces recommandations seront suivies d’effets, que la formation des enseignants inclura des professionnels de santé et des chercheurs spécialisés dans les troubles des apprentissages, que les modalités d’interventions ne seront pas improvisées mais qu’elles se conformeront aux bonnes pratiques validées. Et qu’enfin des médecins scolaires sauront préconiser des aides supplémentaires pour les collégiens insuffisamment améliorés par les interventions.

Conclusion

Ce projet-pilote mené au sein d’ORT France démontre qu’une approche pédagogique ciblée, encadrée et scientifiquement évaluée peut faire la différence pour de nombreux élèves en difficulté. À travers cet article, Le Figaro met en lumière l’impact concret d’une mobilisation collective au service de la réussite scolaire.



ORT France est un réseau d’écoles présent à Lyon, Marseille, Montreuil, Paris, Strasbourg, Toulouse et Villiers-le-Bel, proposant des formations du collège au bac +5 dans les domaines du digital, de l’énergie, de la mode, du paramédical et du tertiaire.
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