Des Stolpersteine à la mémoire de Lucien Dreyfus et de son épouse Marthe, dévoilés à Strasbourg
Lundi après-midi 6 décembre au 33 avenue des Vosges de Strasbourg, devant près de 300 personnes et personnalités, maire de la ville, adjoints du Conseil municipal, élus, députés, représentants du Consistoire Israélite du Bas-Rhin, du CRIF Alsace et du FSJU Grand Est, de plusieurs institutions du champ mémoriel du département et de la ville de Kehl, des proviseurs des lycées ORT, Kléber et Oberlin, des enseignants et de leurs élèves... ont été dévoilés 2 Stolpersteine, les pavés de la mémoire, des pavés de laiton doré scellés dans le sol devant la dernière demeure strasbourgeoise de Lucien et Marthe Dreyfus, avant leur déportation.
C'est à la lueur de recherches historiques engagées par les lycéens, les professeurs d'allemand et d'histoire géographie ainsi qu'avec le concours des documentalistes du lycée Kléber et d'un historien, qu'a été mise à jour la trajectoire de Lucien Dreyfus.
Professeur de Lettres et d'Allemand au lycée Kleber 1908 à 1939, Lucien Dreyfus a dû quitter Strasbourg avec son épouse et sa petite fille au moment de l'exode des alsaciens en septembre 1939 pour le sud de la France. Après un bref passage par Poitiers, il est nommé le 1er décembre, professeur au lycée Massena de Nice puis renvoyé un an plus tard en raison du statut des juifs de Vichy.
Lucien Dreyfus est nommé directeur de l'ORT Nice en 1941, école qu’il dirigera jusqu’à l’été 1943, cette école ORT était alors orientée vers la coiffure, la cosmétique et la mode (archives de l’ORT France). Elle ne survécut pas à la guerre, un bon nombre d’élèves et d’enseignants furent déportés, leurs noms figurent sur le Mur des Noms érigé sur la colline du château de Nice avec ceux des 3602 juifs raflés et déportés de la région niçoise.
Le 25 octobre 1943, Lucien Dreyfus fut arrêté à Clans sur les hauteurs de Nice, le couple fut déporté à Drancy puis à Auschwitz par le convoi 62 du 20 novembre 1943, Lucien et Marthe furent tous deux assassinés à Auschwitz 48h 00 après leur arrivée.
Leur fille Mariette quitta la France en 1942 avec un groupe de 54 enfants juifs, le convoi fut organisé par un groupe de Quackers de l’Eglise anglicane et appris au lendemain de la guerre, le sort qui fut réservé à ses parents.
Cette pose de Stolpersteine a été un moment de commémoration fort et d’intense émotion, les prises de parole des élus et des officiels présents, ont été suivies par des interventions des lycéens de Kléber et des élèves de l’atelier théâtre de l’ORT Strasbourg. Des extraits du journal de Lucien Dreyfus qui a été publié, ont été lus sous forme de saynète poignante ainsi que des extraits de Si c’est un Homme de Primo Levi, l’émotion était palpable dans la nombreuse assemblée sur le trottoir de la dernière demeure de Lucien Dreyfus…Richard Aboaf